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Blog-Serge-FREYDIER
21 mai 2016

Juliette Volcler: le son est une arme!

avataria

 

C'est lors du festival Avatarium, dans la salle des pendues du puit Couriot  que j'ai découvert grâce à Juliette Volcler que le son pouvait contribuer au controle social des individus. Elle a écrit le livre « Le son comme arme »..Les années 2000 ont en effet vu se développer un usage répressif du son... Avec des alarmes directionnelles servant de technologies « non létales » de contrôle des foules ou des répulsifs sonores éloignent des centres-villes et des zones marchandes les indésirables, adolescents ou clochards.

 

  Aujourd’hui, l’espace sonore est sommé de se plier à la raison sécuritaire et commerciale. Dans la conférence de Juliette je retiens les deux exemples lse plus frappants le LRAD et le MOSQUITO.

 

Le LRAD (Long Range Acoustic Device) est un dispositif acoustique de longue portée, il s’agit de très gros haut-parleurs qui peuvent diffuser un son plusieurs fois plus fort que le volume d’un avion au décollage et l’orienter très précisément dans un rayon de 15 à 30 degrés. Il a d’abord équipé les navires de l’armée américaine qui naviguaient au large des côtes somaliennes en 2005 afin de faire fuir les pirates.

Dans le cadre guerrier il a parfois fonction d’arme pré-létale, c’est-à-dire que les GIs diffusent l’alarme à plein volume dans les rues afin de déloger les snipers de leurs cachettes et de pouvoir les abattre beaucoup plus facilement quand ils fuient en se bouchant les oreilles. Comme toutes les armes dites « non létales », le LRAD est caractérisé par plusieurs modes d’activation possibles ; un usage totalement inoffensif ou un usage qui peut devenir de plus en plus dangereux. C’est donc une arme qui permet un usage civil pour traiter les « désordres » intérieurs et un usage guerrier pour accompagner l’action d’un armement classique directement létal. 

  La manifestation de protestation contre le sommet du G20 n’avait pas été autorisée par la ville de Pittsburgh et sa police en a profité pour étrenner ses LRAD. C’était le premier usage public en mode offensif du LRAD sur le sol des États-Unis. 

lrad

Mais la police et l’armée ne sont pas les seules à pouvoir se procurer des LRADs, il est librement commercialisé auprès des agences de sécurité du monde entier. On en trouve ainsi en Géorgie, en Birmanie, en Thaïlande et dans bien d’autres pays. En France, la Gendarmerie a testé un dispositif israélien proche, le Shophar, mais a préféré ne pas s’en servir. 

En effet le caractère discriminant d’une arme est très important , cela signifie simplement qu’une arme ne doit pas atteindre des personnes qui ne doivent pas l’être. Une arme doit atteindre une cible précise, donnée, identifiée. Si jamais l’arme atteint absolument tout le monde sur un rayon de 5 kilomètres alors ce n’est pas une arme discriminante. Ce réel problème a été soulevé par la Gendarmerie Française mais aussi par des opposants et des pacifistes. Effectivement, dans les rues d’une ville le son du LRAD peut rebondir sur les murs et les gens qui regardent aux fenêtres peuvent l’entendre aussi bien que les manifestants. De plus, il peut y avoir parmi les manifestants des personnes qui ne peuvent pas s’en aller de la zone de diffusion – parce qu’elles sont handicapées ou qu’elles ont une mobilité difficile par exemple – et qui risquent d’y être exposées d’une manière plus intense que prévue. Aussi, la Gendarmerie Française a pensé que cela risquait de poser en France un problème d’acceptation au niveau du public, que ça ne serait pas une arme très bien vue. Ce n’était pas le LRAD qu’ils avaient testé mais le Shophar, qui est son équivalent israélien, en vertu d'accords de coopération entre la France et Israël. Le shophar c’est une trompette rituelle, les trompettes de Jéricho qui ont abattu le mur sont des shophars et c’est ainsi que l’arme a pris ce nom-là en Israël. Il y a bien eu un groupe au niveau gouvernemental qui a étudié la question, mais pour l’instant cela ne donne rien. 

Le LRAD émet sur des fréquences moyennes – allant de 1000 à 2500 hertz – que l’oreille humaine va naturellement amplifier parce qu’elles se recoupent avec les fréquences de la voix humaine. Elle va naturellement favoriser les fréquences de la communication verbale pour atténuer les autres bruits. Le premier réflexe de notre oreille quand elle entend le LRAD c’est donc d’ouvrir grand les tympans pour accueillir ce son avant de les refermer rapidement pour s’en protéger. 

avatari

A Pittsburgh en 2009, le LRAD sert à disperser les manifestants, en 2005 la Police de Santa Anna l’emploie pour déloger les habitants d’une maison. On dirait des pratiques servant à éloigner les nuisibles quel que soit « le nuisible ».  Cela évoque des dispositifs répulsifs pour les insectes ou les rongeurs …Si l’on retrace l’historique de chaque arme « non létale », que ce soit le taser, le flashball ou le LRAD, on retrouve à l’origine un usage contre les animaux.  L’animalisation du corps social est très frappante dans l’usage des armes dites « non létales » : il est traité comme un corps animal qu’il s’agirait de tenir à distance, de domestiquer et de contenir d’une manière ou d’une autre. 

De multiples utilisations, relevées dans la presse, constituent un bon stade d'expérimentation pour de futurs développements ultérieurs. Même si les effets constatés restent parcellaires, cela n'empêche pas un certain commerce de déjà se développer. Ainsi une version moins puissante, de "moyenne portée", est commercialisée en Grande Bretagne sous le nom de MRAD (Medium Range Acoustic Device). Les hautes fréquences sont utilisées également dans le MOSQUITO, commercialisé par la société britannique Compound Security Systems (CSS), en direction spécifiquement orientée vers les adolescents qui "encombrent" certains lieux publics ou sensibles (comme les entrées d'établissements bancaires)... Sur l'écran Juliette nous a présenté une photo d'un mosquito devant un Mac Do.

 

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